Samedi 11 février
remise des croix aux membres des équipes funérailles
homélie de l'abbé Luc

 

 

De partout, on venait à lui !

De partout on venait à Jésus !

 

De partout, ça veut dire de tous les lieux…

mais aussi de toutes les situations de vie…

 

du coup, le lépreux de l'Evangile symbolise toutes les personne dans des situations humaines qui ont besoin d'être sauvées, d'être purifiées..

 

Et on trouve entre la première lecture et l'Evangile, deux attitudes :

 

dans la première lecture,  on crie "impur - impur" et on laisse à distance…

 

        au passage ne caricaturons pas trop vite cette attitude, qui est une mesure d'hygiène publique… comme au moyen-âge on affuble les lépreux d'une clochette… il s'agit d'éviter l'épidémie…

        et le impur-impur de l'Ancien Testament correspond ni plus ni moins au nécessaire "protégez-vous" d'aujourd'hui…

        donc ne caricaturons pas trop vite cette attitude… avant d'être une mesure d'exclusion, elle est une mesure de protection..

        pour autant elle ne vainc pas le mal : elle le circonscrit dans un espace délimité

 

dans l'Evangile, il s'agit d'une autre attitude : Jésus ne laisse pas à distance le lépreux… à l'inverse il étend la main… il prend à bras le corps la situation dont il s'agit, il opère un travail de purification et cet homme est réintégré dans l'espace social…

 

au lieu de circonscrire le mal dans l'espace de la mort, Jésus, prenant à bras le corps les situations, construit une société où c'est le bien et la vie qui sont contagieux, et où les uns et les autres sont du coup établis dans une proximité relationnelle et sociale…

 

 

Tout bien pesé, ces deux attitudes que je viens de mettre en exergue sont en mesure d'éclairer cette situation de vie en quoi consiste la mort et les funérailles.

De partout on venait à Jésus…

… et de partout encore aujourd'hui, on vient à l'église pour les funérailles…

La demande de funérailles chrétiennes reste une demande forte !

Cette demande, elle est faite à l'Eglise, c'est-à-dire au corps que nous formons !

 

Face à cette demande, deux attitudes sont possibles, pour les camper à gros traits…

On peut dire, selon l'attitude vétérotestamentaire :

"impur, impur"

se tenir à distance… à l'écart….

dire : les funérailles, c'est l'affaire d'un tel ou d'un tel…

je ne m'en sens pas capable…

je n'ai pas le temps…

tout mais pas ça…  "impur - impur"…

 

et les funérailles risquent alors de devenir cet espace circonscrit qu'on laisse à distance… quitte à dire : ah vous avez bien du courage, moi je ne pourrai pas !

 

L'autre attitude, c'est celle de Jésus… c'est d'étendre la main…

et de prendre le problème à bras le corps, comme Jésus, avec tout ce corps qu'ensemble nous formons !

 

Etendre la main… c'est la tendre, c'est la proposer…

Pour célébrer les funérailles, nous avons besoin de multiples mains :

de la main qui a agencé les fleurs, de celle qui a mis en place le cierge pascal,

de la main qui dispose les feuilles de chants sur les chaises

de celle qui règle la sono

de celle qui réconforte la famille en deuil par une visite

de celle qui prend le crayon pour écrire une courte biographie ou rédiger plus longuement une prédication qui va apporter la consolation de Jésus

de la main qui tient la feuille de chants pour guider la voix

de celle qui pianote ou met en place un CD…

de celle qui prépare l'encens, et celle qui encense

de la main qui bénit..

 

La main, notre main qui s'étend comme celle de Jésus vers les familles en deuil…

C'est notre responsabilité commune dans le Christ !

 

Vous savez, au début de l'Eglise, dans les premiers siècles, les chrétiens se distinguaient des autres par le fait qu'eux enterraient dignement leurs morts…

et au Moyen-âge, les funérailles chrétiennes étaient considérées comme une des 7 œuvres de miséricorde… et une œuvre de miséricorde, c'est une œuvre où là les entrailles de Dieu se révèlent… les funérailles chrétiennes sont une forme d'exercice de la charité… un amour divin, mis en œuvre, déployé humainement dans une situation douloureuse…

 

Chers paroissiens, vous inviter ce soir à prendre une part plus active à la célébration des funérailles, c'est vous inviter à l'amour…

Vous ne vous en sentez pas capable ?

Mettez-vous dans la peau du lépreux de l'Evangile et dites à Jésus : "si tu le veux, tu peux me purifier… tu peux me rendre capable…"

Et que croyez-vous que Jésus va faire, si vous lui faites cette prière ? Il va étendre la main vers vous et il va vous dire : "je le veux, sois purifié de ta peur…"

et il va encore vous dire : "va te montrer au prêtre, au diacre, aux responsables laïcs des funérailles : et dis-leur : le Seigneur m'a purifié de mon incapacité : que voulez-vous que je fasse ?"

 

Bien sûr, tous ne peuvent pas tout faire…

Certaines tâches demandent une formation particulière… un charisme propre…

Mais tous peuvent prêter la main, régulièrement ou de temps en temps…

 

Votre voisin décède : plutôt que d'aller faire une visite privée, de venir aux funérailles en vous mettant au fond, et de vous plaindre ensuite parce que vous n'avez pas entendu ou qu'on n'a pas dit tel ou tel point important… prenez l'initiative de contacter l'équipe funérailles, de dire je serai présent, si vous avez besoin de moi, faites signe… de dire "je peux chanter, je peux préparer une prière, je peux rédiger une courte biographie, éventuellement la lire…  je pourrai accompagner la famille au cimentière pour faire la prière…  etc…  etc…

 

Vous pouvez dire : le jeudi, s'il y a des funérailles, je veux bien être sacristain…  et du coup, l'équipe funérailles est tranquille pour se concentrer sur le fond… elle peut arriver plus tard…

ou encore, le mercredi, je puis chanter… etc… etc…

 

Et alors chacun pourra reprendre à son compte les paroles de St Paul dans la seconde lecture :

"en toutes circonstances, je tâche de m'adapter à tout le monde ;

je ne cherche pas mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu'ils soient sauvés…

mon modèle à moi c'est le Christ"

 

Oui, notre modèle c'est le Christ, et c'est bien pour cela que, tout-à-l'heure, avec le diacre, nous revêtirons de la croix du Christ, celles et ceux qui parmi nous, portent d'une façon spécifique la responsabilité des funérailles chrétiennes qui nous incombent à tous…

Cette croix, elle est le signe d'un office, d'une charge reçue, qui manifeste que c'est bien au nom de tout le corps du Christ que quelques-uns sont plus particulièrement délégués pour manifester la présence visible du Christ dans la célébration des funérailles, en faisant un certain nombre de gestes, et en prononçant un certain nombre de paroles, au nom du Corps du Christ que nous formons tous.

Amen