dimanche 17 janvier 2010

2è dimanche du temps ordinaire 

(année C)

 

 

 

          Le passage que nous venons de lire dans l’Évangile de Jean, commence par ces mots : « Il y avait un mariage à Cana en Galilée » et il se termine par ces mêmes mots :

« C’était à Cana en Galilée ». Cana probablement un petit village, un village totalement méconnu, un village dont la bible n’avait jamais parlé !

          La Galilée, la région la plus au nord de la Palestine, la Galilée c’est la région frontalière avec le Liban, terre étrangère. La Galilée était une région méprisée, car s’y mélangeaient juifs et païens, et pour les juifs qui respectaient strictement la loi juive, il n’était pas question de se mêler aux païens sous peine d’impureté rituelle. Fréquenter les païens, c’était devenir impur selon la loi juive. Plusieurs fois, nous retrouvons dan les évangiles, le mépris de la Galilée. Il est ainsi écrit : « Que peut-il sortir de bon de la Galilée ? » Ou encore, on donnera à Jésus le surnom de Galiléen, une parole méprisante. Pierre lorsqu’il se trouvera dans la cour du tribunal où se déroule le procès de Jésus, avec insistance plusieurs fois, des femmes lui diront  : « toi aussi tu es galiléen ! »

          Jean souligne à la fin du récit : « tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit ». On aurait pu penser que pour frapper l’imagination des foules, Jésus fasse son premier signe, à Jérusalem, mieux encore dans le temple comme pour asseoir son pouvoir et son autorité. Non Jésus fait son premier signe dans un village inconnu et dans une région méprisée !

          Comment ne pas penser à la naissance de Jésus qui s’est déroulée incognito, dans une totale indifférence. Quand nous lisons avec attention le miracle des noces de Cana, nous pouvons être étonnés par la façon dont se déroule le récit. Ce repas de noces devait être important, car il y avait un maître du repas. Et normalement, c’et lui qui veille au bon déroulement du repas, à ce que les convives ne manquent de rien. Visiblement, il ne remplit pas bien sa tâche. Car c’est lui qui le premier aurait dû s’apercevoir qu’il manquait de vin, et c’est lui qui aussitôt aurait dû prévenir le marié. Il n’en n’est rien... C’est Marie la mère de Jésus qui agit la première en informant son fils de l’urgence de la situation : « Ils n’ont plus de vin ! » Et elle esr confiante dans ce qu’il fera puisqu’elle dit : « Faites tout ce qu’il vous dira ! ». Elle intervient avec son cœur de femme et ses yeux de mère de famille qui voit le problème pour les convives, comme si elle avait la responsabilité du repas. Marie en intervenant la première, manifeste une grande attention face à une difficulté, elle ne se dérobe pas. 

          Nous pouvons aussi nous demander pourquoi Jean dans son Évangile raconte tout compte fait un événement tout à fait banal. Jésus qui, avec sa mère et ses disciples participe à un repas de noces. Jésus durant sa vie publique a participé à de nombreux repas, chez Simon, chez son ami Lazare, chez Zachée, au point que certains juifs diront de lui, on trouve cette phrase dans les évangiles : « C’est un ivrogne et un glouton ».

          Nous trouvons aussi bien dans l’ancien que dans le nouveau testament plusieurs récits de noces. C’est un symbole important. Ce n’est pas par hasard que Jésus commence dans l’Évangile de Jean sa vie publique par un repas de noces. Un repas de noces c’est la joie d’une alliance qui se noue. Cette rencontre entre Dieu et le peuple juif avait été brisée et rompue à cause de l‘infidélité du peuple. Le Seigneur est venu sur terre pour rétablir entre Dieu et l’humanité. Jésus épouse notre nature humaine pour nous faire partager sa nature divine.

          Voilà le premier signe que Jésus révèle. A travers sa participation aux noces de Cana, il veut signifier réconcilier comme dans un repas de noces, l’humanité avec Dieu son Père. Durant toute sa vie publique, Jésus va continuer à développer ce message dans différentes paraboles, voulant ainsi montrer qu’il est l’époux divin, venu faire alliance avec tous, juifs et païens, comme à cette fête de village, tous sont invités à la noce et dans l’Évangile de Matthieu, le maître de maison n’hésitera pas à dire à ses serviteurs : « Allez par les chemins, convoquez à la noce tous ceux que vous rencontrerez ». A ceux qui lui reprocheront ces différents repas qui sont les signe que Jésus offre le bon vin en abondance, le vin de son amour et de sa joie, Jésus dira : « les invités ne jeûnent pas que l’époux est avec eux ». 

          Ce signe que Jésus a accompli à Cana, il se poursuit depuis deux mille ans dans le sacrement de l’Eucharistie. Sans cesse le Seigneur invite tous les hommes, ses frères, au festin des noces de l’Agneau comme l’écrit le livre de l’apocalypse. Il nous offre la coupe de son sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, versé pour la multitude, paroles que nous redisons à chaque messe au moment de la consécration.

          Dans son Evangile, Jean souligne : « Jésus manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ». Déjà il révélait qui il était, le messie promis, l’époux divin. A chaque fois que nous participons à la messe, notre rencontre avec lui fortifie notre foi. Que la messe qui est elle-même un repas nous fasse vivre dans la vérité et la joie de l’alliance, l’alliance qui est un don de soi, Jésus se donne à nous dans la communion.
 

Dieu de tendresse et d’amour, tu renouvelles sans cesse ton alliance avec nous ;

change notre tristesse en joie, que la grisaille quotidienne devienne jour de fête,

que nos mots ordinaires deviennent chant de louange pour ton amour.
Amen.