dimanche 20 décembre  2009

Quatrième dimanche de l’Avent

(année C)

 

 

 

          A première vue, cette rencontre entre deux femmes enceintes, l’une avancée en âge, l’autre encore une toute jeune fille peut apparaître tout à fait banale. L’une déjà âgée, Elisabeth en est à son sixième mois. L’autre encore bien jeune, Marie, vient d’apprendre qu’elle va être mère ! Spontanément cette dernière s’empresse de venir en aide à son aînée. Je ne sais pas si nous mesurons les risques encourus par Marie. Il lui faut traverser les collines montagneuses de Judée pour se rendre au domicile de Zacharie et d’Elisabeth. L’armée romaine occupe la Palestine. Et on sait parfois les exactions des armées d’occupation. La région n’est pas sûre.

          Pourtant Luc nous dit que Marie se mit en route rapidement. C’est l’Esprit Saint qui pousse Marie à partir. Marie avec ce feu de l’amour de Dieu en elle, part rendre service à sa vieille cousine Elisabeth. Mais surtout c’est le Seigneur qui l’envoie en se rendant chez  Elisabeth, pour préparer Jean à sa mission. La venue de Marie fait tressaillir Jean dans le sein de sa mère. Et Luc ajoute qu’Elisabeth est elle-même remplie de l’Esprit Saint. C’est un véritable mystère d’amour car ces deux enfants que ces femmes portent en elles étaient impossibles à vues humaines. Elisabeth était stérile et Marie n’avait pas de relation conjugale avec Joseph. Ces enfants sont véritablement comme un don de Dieu, un véritable cadeau de Dieu. Au-delà de leur rencontre, il y a la reconnaissance pour l’une comme pour l’autre de la présence agissante de Dieu dans leur vie.

          Beaucoup de poètes dans l’histoire de l’humanité ont fêté et célébré la venue d’un enfant. Il est poème écrit par lauteur perse Khalil Gilbran. Ce poème est parfois choisi par des parents à l’occasion du baptême de leur enfant : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et filles de l’appel de la vie à elle-même. Ils viennent à travers vous, mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas ».

          Cela peut nous aider à réfléchir dans la foi à la venue d’un enfant qui s’enracine dans un don qui vient de plus loin que l’amour des parents. Notre véritable racine c’est l’amour créateur de Dieu et cet amour créateur est constamment actif, toujours en création, tout au long de notre vie. C’est ce qui fonde d’une façon totale et absolue pour un chrétien la dignité inaliénable de tout être humain. Il nous faut jamais cesser de répéter à cause de la venue de Jésus en Marie que tout être humain est aimé de Dieu, qu’il est enfant de Dieu, qu’il fait parti de la famille de Dieu. Il ne faut jamais nous lasser de chanter que tout être humain est une histoire sacrée, car il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

          Contemplons encore quelques instants ce qu’a vécu la Vierge Marie. L’ange vient de lui révéler qu’elle a été choisie pour devenir la mère du Messie. Elle dit oui à cette mission inouïe, insensée aux yeux des hommes. Dieu fait surgir en elle un être vivant. Déjà le prophète Isaïe  avait dit : « En vérité tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël, Sauveur ». C’est le nom  même que l’ange avait indiqué pour Jésus : « C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ».

C’est un appel pour nous à nous nourrir de tout ce qu’a vécu Marie en répondant à l’appel de l’ange.

          Tout d’abord sa foi vivante et agissante : « heureuse celle qui a cru », dit d’elle Elisabeth. Qu’elle est notre propre foi, est-elle tiède, enfouie comme endormie, ou notre foi est-elle au cœur de notre vie, anime-t-elle notre vie, est-elle agissante et vivante ? Est-ce que notre foi oriente les choix de notre propre vie ?

Puis sa docilité à Esprit Saint. « Je suis la servante du Seigneur ». « Elle se mit en route rapidement ». Nous sommes amenés parfois à prendre des décisions dans notre propre vie, ne nous arrive-t-il pas d’hésiter, de préférer parfois ce qui nous engage peu, pour ne pas sortir de nos aises et de nos tranquillités, ou savons répondre aux appels du Seigneur qui vient parfois nous déranger, à l’improviste dans nos vie quotidiennes !

          Enfin son action de grâces. C’est tout le chant du Magnificat inspiré par l’Esprit Saint : « Mon âme exalte le Seigneur ». Sans nier les difficultés de la vie, sachons rendre grâce au Seigneur. Ouvrons les yeux, découvrons sa présence agissante dans nos vies et dans le cœur de tout être humain, même s’il ne partage pas notre foi. Faisons monter notre louange au Seigneur.

          Marie a porté Jésus à Elisabeth et à Jean. Que le Seigneur nous donne de suivre l’exemple de la Vierge. Que nous portions le Seigneur aux hommes et aux femmes de notre temps pour leur dire la présence et l’amour de Dieu dans leur vie.

          Comme Jean Baptiste a tressailli de joie, nous voulons te rendre grâce Seigneur. Car aujourd’hui tu viens à notre rencontre avec Marie et Elisabeth, nous sachions te louer pour tes merveilles, toi qui nous aimes pour les siècles des siècles.

Amen.