dimanche 16 août 2009  

 20è dimanche du temps ordinaire

(année B)

 

 

          Dimanche dernier, alors que Jésus parlait  dans la synagogue de Capharnaüm, ses auditeurs s’interrogeaient : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ». Dans la suite de son discours, Jésus insiste à nouveau, l’Évangile que nous venons de lire : « Moi je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie ».

          Manger la chair d’un homme, c’est complètement inimaginable et cela s’apparente à du cannibalisme. Et Jésus va encore plus loin : « Si vous ne buvez pas mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous.  Celui qui boit mon sang a la vie éternelle. Mon sang est la vraie boisson. Celui boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui ».

          Pour les juifs entendre un homme dire : « mon sang est une vraie boisson » est une énormité insupportable. C’est aller contre Dieu. C’est quasiment un blasphème. Car dans la religion juive, l’interdit du sang est encore plus fort que l’obligation du sabbat. Il est mis dans l’Ancien Testament, ces mots sur les lèvres de Jahvé : « tu ne verseras pas le sang ». Aujourd’hui encore, les juifs fidèles à la loi observent encore scrupuleusement  ce commandement de Dieu : « Où que vous habitiez, vous ne mangerez pas le sang, qu’il s’agisse d’oiseau ou d’animal. Quiconque mange du sang quel qu’il soit, celui-là sera retranché de sa race ». Le sang est le symbole de la vie. Verser le sang, c’est prendre la vie de quelqu’un, aussi nous comprenons bien qu’aujourd’hui encore les juifs mangent de la viande cacher !

          Quant à notre époque, nous chrétiens, nous entendons ces paroles, nous ne sommes pas particulièrement choqués, cela ne nous dérange plus guère. Bien sûr l’Eucharistie c’est un morceau de pain que nous mangeons, ce que nous buvons, c’est une gorgée de vin. Il n’y a plus pour nous matière à scandale. Il est souhaitable pour nous de nous arrêter, de nous confronter aux parole de Jésus, d’en chercher le sens et la signification. Déjà dans l’Ancien Testament, dans le livre de la sagesse, il est écrit « Venez manger mon pain et boire le vin que j’apporte, quittez votre folie et vous vivrez ». Seul le banquet de la sagesse peut nous nourrir en profondeur. Il ouvre un autre repas dans lequel Dieu, en son Fils Jésus se donne totalement. C’est que Jésus nous révèle dans l’Évangile d’aujourd’hui.

          Bien souvent nous sommes tournés vers nous-mêmes, un peu égoïstement, soit nos réussites personnelles peuvent nous monter à la tête, en pensant que nous sommes les meilleurs, soit les échecs de la vie nous accablent et parfois nous pouvons penser que nous sommes bons à rien et que nous sommes nuls. Jésus lui nous rejoint dans notre humanité, égoïste,  fragile et mortelle. Il nous rejoint dans ce que nous sommes et tel que nous sommes.

          A l’Eucharistie, il se  rend présent dans le pain et le vin pour semer en nous la vie : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance. En demeurant en nous, il nous ouvre à son amour, que nous ne pouvons pas imaginer. En parlant de l’amour de Dieu,

Paul dira que c’est folie pour les païens. Oui nous sommes aimés à la folie par Dieu... Si nous accueillons cet amour en nous, si nous laissons prendre, habiter par un tel amour, alors notre vie sera radicalement changé et transformé. Car nous ne vivrons plus en tenant compte de nos seules forces, mais en nous appuyant sur celui qui vient demeurer en nous.

          Quelques lignes d’un témoignage d’une jeune femme qui se prostituait et se droguait. Elle a rencontré une religieuse qui un jour l’a approchée et qui spontanément lui a offert un bol de soupe. Après un long cheminement, elle a demandé le baptême. Voici ce qu’elle écrivait à l’évêque lors de sa demande de baptême. Elle a intitulé sa lettre : « Comment le Christ m’a appelée à renaître » Elle écrit donc : « Depuis le début de mon parcours, j’ai vécu une renaissance, j’étais comme morte et j’ai retrouvé la vie. Le Christ m’a aidé à renaître, l’intermédiaire des rencontres et du vrai dialogue que j’ai pu avoir avec des personnes. Maintenant je suis capable de parler aux autres et de communiquer, cela est beaucoup plus facile, même si je peux rester méfiante ».

          Adolescente, son père l’avait mise en dehors du domicile familial. Elle écrit : « je n’ai pas eu une enfance heureuse, j’ai perdu maman à 13 ans, et mon père m’a abandonné avec mes sœurs, et j’ai grandi dans diverses familles d’accueil. J’ai découvert l'humilité et le pardon, car j’ai pardonné à mon père, et c’est une joie de le rencontrer avec mes sœurs. Thérèse de l’enfant Jésus disait : « aimer c’est tout donner et se donner soi-même ».

          Communier au corps et au sang du Christ, nous fait tenir debout, alors à notre tour, nous pourrons mettre autour de nous l’espérance qui nous anime, l’amour qui un jour essuiera toutes les larmes de nos yeux.