Depuis quelques années, le dimanche qui suit le dimanche de Pâques est appelé dans la liturgie catholique, le dimanche de la miséricorde. Lors de ses deux venues, Jésus dira à ses disciples « la paix soit avec vous ». Cette paix que le Christ transmet aux apôtres est bien le symbole de la miséricorde de Dieu. Il s’agit de la paix du cœur, avoir le cœur en paix, ne pas se laisser troubler, submerger par les événements de la vie. Mais il s’agit aussi de la paix de la conscience, avoir la conscience en paix, c'est-à-dire bien ajuster notre vie, nos existences quotidiennes à la volonté de Dieu. Vivre la paix de tout notre être pour laisser l’Esprit Saint, l’Esprit du Christ nous baigner de son amour qui nous libère et qui nous sauve, cette paix qui nous est donnée par le Christ unifie notre vie, et elle est à découvrir et à redécouvrir au long des jours. Les trois textes de la parole de Dieu qui nous sont proposés dans la liturgie de ce dimanche témoignent de la miséricorde de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous. Les premières communautés chrétiennes étaient composées de personnes d’origine sociale très différentes. Ainsi Paul fonde une communauté à Corinthe qui à l’époque était un port fort important. Dans les ports, à cette époque, vivait une population très cosmopolite, de gens fortunés qui faisaient du commerce, et des gens de condition modeste, voire très modestes, des ouvriers du port, des esclaves et des prostituées, et elles étaient nombreuses dans les villes portuaires, et c’est de ces différentes couches sociales que naît le communauté chrétienne de Corinthe. Paul qui lui écrit est obligé de se fâcher. Car les chrétiens avaient l’habitude avant de célébrer la messe de prendre un repas et voici que ce repas manifeste la désunion profonde de la communauté. On est loin de la miséricorde vécue entre chrétiens, Paul écrit donc : « Je ne vous félicite pas pour vos réunions. Elles vous font plus de mal que de bien. Tout d’abord quand votre Eglise se réunit, il paraît qu’il subsiste entre vous bien des divisions. Donc quand vous vous réunissez tous ensemble ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez. En effet chacun se précipite pour prendre son propre repas. Alors l’un reste affamé, tandis que l’autre a trop bu ». Les textes qui nous sont proposés dans la liturgie de ce dimanche témoignent tout au contraire de ma miséricorde de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous. Tout d’abord le passage du livre des Actes des apôtres, il est heureusement à l’opposé du texte de Paul. C’est bien l’esprit de fraternité, de concorde, de soutien mutuel qui embrase la communauté et qui demeure le plus fort. Personne ne fait rien seul. Chacun est concerné par ce qui vit son frère et toute division semble absente. Le plus grand nombre de ceux qui se reconnaissaient disciples du Christ et qui avaient adhéré à la foi, étaient profondément unis au point avaient un seul cœur et une seule âme. Le signe de cette unité, c’est que personne ne se sentait propriétaire de ses biens, et qu’on mettait tout en commun. Et le texte des Actes insiste « Aucun d’eux n’était dans la misère, car tous ceux qui possédaient des champs et des maisons les vendaient et ils en apportaient le prix pour le mettre à la disposition des apôtres. C’est donc eux qui avaient la charge des biens de la communauté et ils avaient la mission de les redistribuer à chacun de frères en commençant par ceux qui en avaient le plus besoin ». Cette communion exemplaire témoigne de l’amour de Dieu pour nous. Il faut nous répéter que Dieu a besoin des hommes, que le Seigneur ne fait rien sans nous, même si souvent nous nous sentons bien fragiles, et peu dignes de l’amour que Dieu nous porte, ce n’est pas les forts dira St Paul que Dieu choisit, mais Dieu choisit les faibles, Dieu choisit notre fragilité, pour y établir sa demeure. « La Pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la Pierre d’angle » dira encore St Paul. Redécouvrons que dans notre vie humaine nous sommes aimés de Dieu pour ce que nous sommes. Thérèse de Lisieux qui a traversé bien des souffrances physiques et spirituelles a écrit « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même ». C’est cela vivre la foi. Réaliser dans notre cœur que Dieu est toujours en attente de l’homme. Si le Christ a versé son sang pour nous, c’est bien pour signifier que Dieu son Père nous manifeste toute sa miséricorde. Nous pouvons ainsi nous sentir très proche de Thomas. Thomas est l’un de nous. Dans sa volonté de voir pour croire, il permet au Christ de lui redire qu’il l’aime, pas un mot de jugement et de condamnation. Simplement « Cesse d’être incrédule mais croyant ». C’est comme s’il disait à Thomas, « laisse ma paix faire son œuvre en toi » Seigneur Jésus, nous t’avons rencontré vivant dans la proclamation de ta parole et dans la fraction du pain. Comme Thomas nous pouvons te dire « Mon Seigneur et mon Dieu ». Toi qui donnes la paix, nous te prions encore : donne-nous d’accueillir la vie que tu nous offres et de savoir en rendre témoignage. Amen |