La transfiguration de Jésus que nous venons de lire est un texte majeur dans l’Evangile de Marc. Juste avant ce passage, Jésus a annoncé à ses disciples pour la première fois sa mort et sa résurrection. « Puis il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort, et que 3 jours après il ressuscite ». Pierre le chef ders apôtres, qui a le sang chaud, ne se gène pas pour dire ce qu’il pense à Jésus, et Jésus alors de répliquer : « retire toi derrière moi Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». L’Evangile de Marc a été écrit vers les années 65, juste après la persécution de l’empereur Néron où des nombreux jeunes chrétiens ont été assassinés. La foi des premières communautés chrétiennes est profondément ébranlée. Ainsi le récit de la transfiguration vient en même temps raffermir la foi des disciples après que Jésus ait pour la première fois annoncé sa mort, et aussi raffermir le foi des premiers chrétiens alors que fait rage la persécution. Abraham c’est la première lecture que nous avons entendu, lui aussi avait été mis à rude épreuve. Son Fils premier né vient de naître, et Abraham croit d’abord qu’il faut qu’il fasse ce qu’accomplissent certaines tribus païennes, offrir à la divinité son premier né, mais au moment du sacrifice, Abraham réalise au plus profond de lui-même que le Dieu qu’il honore ne veut pas la mort de l’homme, mais que Yawhé est le Dieu de la vie, qu’il est le Dieu des vivants, qu’il est le Dieu d’amour, Yawhé révèle son vrai visage. Lorsque Jésus invites ses trois disciples à le suivre sur la montagne, c’est parce qu’il va se passer un événement important, le vrai visage de Jésus va être révélé. Sur la montagne Jésus est transfiguré, pourtant il n’est pas un autre homme. Aux apôtres, Pierre Jacques et Jean qui sont avec Jésus, Dieu laisse entrevoir sur le visage de Jésus, son visage de Père. Aux yeux des apôtres qui sont là, Jésus s’inscrit dans toute l’histoire du peuple de Dieu. Aussi deux très grands personnages de l’ancien testament sont présents. Moïse tout d’abord qui après avoir libéré le peuple du joug du pharaon d’Egypte, la conduit vers la terre promise, il reçut sur la montagne du Sinaï, les tables de l’alliance, cette alliance que Yawhé a scellé pour toujours avec son peuple. Elie l’un des très grands prophètes de l’Ancien Testament, à qui Dieu s’est révélé là encore sur une montagne. Et certaines traditions juives disaient qu’Elie reviendrait juste avant qu’apparaisse le Messie. Le temps est à la rencontre. Rencontre du passé et du présent, rencontre de l’ancien testament et du nouveau testament, rencontre de l’ancienne alliance et de la nouvelle alliance. Cette rencontre sur la montagne souligne l’extraordinaire fidélité de Dieu à travers les âges. Le prophète avait mis sur les lèvres de Yawhé cette parole « Moi dit Dieu , je ne t’abandonnerai pas ». Ainsi dans cet événement qui peut nous paraître étrange et extraordinaire, Moïse rappelle la loi, l’alliance signée entre Dieu et son peuple. Elie rappelle le restauration de l’alliance. Même quand le peuple s’égare, s’éloigne de Dieu jusqu’à vouloir se tourner vers les dieux païens, Dieu reste fidèle à sa promesse. La transfiguration fait mémoire de la promesse de Dieu au milieu de son peuple. Elle donne à Jésus de Nazareth, le visage du nouveau Moïse et du nouvel Elie. Au jour du baptême de Jésus une voix s’était fait entendre « Tu es mon Fils bien-aimé » Aujourd’hui, le Père dit aux apôtres, aux premières communautés chrétiennes, aux différentes communautés de l’église depuis 20 siècles, à chacun et à chacune d’entre nous « Voici mon Fils bien-aimé, écoutez le ! ». Aujourd’hui à notre tout nous sommes appelés à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu, le bien-aimé du Père, et nous avons à écouter, celui qui est la voix du Père, qui s’est fait chair par amour pour nous, et qui vient nous faire partager sa vie et son amour. Si nous ne vivons pas la persécution à cause de notre foi, pourtant nous pouvons être ébranlés par des événements que nous vivons, mort d’un être cher, maladie et souffrance de ceux que nous aimons, ou encore nous sommes affrontés à notre propre souffrance, difficultés que nous pouvons rencontrer, ruptures, mésententes, et nous avons alors l’impression que Dieu est le grand silencieux, le grand absent de notre vie, et que si nous nous tournons vers lui, il ne répond pas. Paul comprenait bien les chrétiens de ses communautés se posaient les mêmes questions. Il écrit aux chrétiens de Rome qui venaient de subir cette terrible persécution de l’empereur sanguinaire Néron : « Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils et l’a livré pour nous tous, comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? Puisque Jésus Christ est mort , plus encore, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous ». Dieu de lumière et de paix, tu te révèles en ton Fils Jésus. En lui tu as mis tout ton amour... Ouvre nos cœurs à sa parole pour qu’elle transforme et change notre vie, lui qui est notre lumière. Amen. |