4è dimanche du temps ordinaire

(année B) 

 

 

 

         « On était frappé par son enseignement, car il enseignait avec autorité et non pas comme les scribes. Qu’est ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau proclamé avec autorité, il commande même aux esprits mauvais, ils lui obéissent »

         Dans ce bref passage de son évangile, Marc insiste par deux fois, il indique que les foules étaient frappées parce que Jésus parlait en homme qui avait autorité. Et l’évangéliste ajoute que Jésus enseignait, mais pas à la manière des scribes. Les scribes étaient les spécialistes de la loi. Le mot "scribere" en latin  signifie écrire. Ce sont en effet les scribes qui avaient la responsabilité de recopier les textes ce que noua appelons aujourd’hui l’ancien testament. Ils étaient ainsi garants de la loi. En compagnie des docteurs de la loi, ils faisaient en sorte que l’ensemble du peuple juif applique avec scrupule, plusieurs centaines de lois, en particulier tout ce qui concernait le sabbat et les innombrables lois sur la pureté. Mais à force de vouloir faire respecter la loi, ils finissaient par enfermer le peule dans un carcan. Finalement les lois données à Moïse sur le mont Sinaï perdaient leur force et leur signification. Les lois au lieu d’être au service de la vie, renfermait le peuple juif sur lui-même, il vivait dans la crainte permanente une culpabilité maladive. Jésus dira des scribes qu’ils faisaient respecter la lettre de la loi, et non l’esprit de la loi.

        Mais voici que Jésus proclame une parole neuve, un enseignement nouveau. Si nous relisons avec attention les évangiles, nous constatons que jamais Jésus ne condamne personne, sauf ceux qui se permettent de juger et condamner les autres au nom de la loi. Jésus est venu pour délivrer le peuple de son angoisse et lui révéler non pas un Dieu devant qui on a peur et qui ferait vivre dans la crainte. Mais Jésus venu pour manifester la tendresse, la miséricorde, l’amour du Père. Il est venu pour que nous ayons la vie. Il dira lui-même « je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous ayez la vie en abondance ». Voilà l’autorité dont Jésus fait preuve : faire grandir l’humanité et lui apporter de la part de son Père le bonheur et la vie.

        Marc nous donne tout aussitôt un  exemple concret comme pour justifier ce que Jésus vient de dire, pour bien montrer la façon dont Jésus agit. Voici que s’avance un homme tourmenté par un esprit mauvais.  Dans des hurlements et des vociférations, cet homme révèle qui est Jésus « Je sais fort bien que tu es le Saint, le Saint de Dieu » Jésus guérit cet homme de sa possession. Du coup l’homme est libéré de son entrave. C’est pour cela que Jésus est venu, pour libérer les hommes de tous les carcans qui les enferment et les empêchent de devenir eux-mêmes, de vivre selon la volonté de Dieu sur eux, qu’ils soient ses enfants bien-aimés. Jésus remet cet homme debout, il lui redonne toute sa liberté, c’est tout le contraire d’une parole qui écrase, comme un pesant fardeau. Jésus a libéré la parole de Dieu du carcan juridique voulu par les scribes. On comprend pourquoi cette nouveauté là avait de quoi séduire les foules de Galilée « Dès lors sa renommée se répandit dans toute la région ».

       Aujourd’hui encore Jésus vient nous libérer de tous les carcans qui nous enferment sur nous-mêmes, il désire nous débarrasser d’eux... Il vient pour nous libérer de notre orgueil, de notre égoïsme, de tout ce qui nous enchaîne, de tout ce qui nous replie sur nous-mêmes, et de tout ce qui nous ferme à Dieu notre Père et aux autres.

      Aujourd’hui encore la parole de Dieu peut être utilisée comme une parole autoritaire, comme pour mettre de l’ordre dans la société, pour rappeler avant tout les exigences de la loi. Dans l’histoire de l’Eglise, on a parfois transformé les paroles de Jésus en articles de loi qu’il fallait appliquer, non pas comme un appel à la conversion, mais pour mettre dans les cœurs le venin de la culpabilité qui n’a rien à voir avec la foi chrétienne. On a pensé parfois la foi chrétienne que comme un effort pour éviter le péché.

      Avec Jésus la foi n’est pas d’abord une affaire de loi et de morale, mais d’amour. L’apôtre Paul osera dire à ses premiers chrétiens, « aime et fais ce que tu veux ». Nous sommes invités à nous rappeler  que l’autorité de Jésus  est au service de la liberté et de la vie. Dans chaque Eucharistie le Seigneur nous donne son corps pour nous ouvrir le chemin de la liberté et de la vie.

       Seigneur notre Dieu, ton Fils Jésus a proclamé avec autorité un enseignement nouveau. Nous qui sommes ton peuple en ce monde, donne nous d’entendre avec un cœur ouvert la parole que tu nous dis par ton Fils, qu’elle agisse en nous et fasse de nous les témoins de ta bonne nouvelle.
Amen.