30è dimanche ordinaire A
(St-Henri, dimanche 26 octobre 2008)

 


 

            L’évangile nous dit que jésus venait de faire taire un groupe de sadducéens. Les pharisiens l’apprennent et décident à leur tour de poser à Jésus pour le mettre à l’épreuve. Ce n’est pas la recherche de la vérité qui intéresse les pharisiens, mais bien plutôt de mettre Jésus en difficulté.

          Celui qui interroge Jésus, ce n’est pas n’importe qui, c’est quelqu’un qui connaît parfaitement les lois juives qui étudie tous les jours ce que nous appelons aujourd’hui l’ancien testament, c’est donc un docteur de la loi qui vient questionner Jésus. Les docteurs de la loi avaient compté 613 préceptes dans la loi juive. La question posée à Jésus peut parfaitement se comprendre . Quelle est donc dans tout ce fatras de préceptes et de règlements le  Ier commandement, le commandement le plus important.

La réponse de Jésus se résume un seul mot Aimer. Aimer non pas dans les nuages, il s’agit d’aimer concrètement, Aimer cela implique que nous sortions de nous-mêmes. Ainsi donc aimer dans la bible ce n’est pas un discours abstrait ou intellectuel, une théorie pour savants, des philosophes ou encore des théologiens. Aimer peut nous faire penser au feu que Moïse a observé dans le désert, un feu qui brûle, mais ne se consume jamais, un feu qui ne s’arrête pas, un feu qui ne s’éteint jamais, un feu dévorant qui nous saisit au plus profond de nous-mêmes, qui nous transforme, qui ne nous laisse pas indifférent.

         Nous en faisons l’expérience dans notre vie quotidienne, aimer n’est jamais innocent. Pour aimer en vérité, il est nécessaire d’avoir un cœur de pauvre « J’ai besoin de toi, je ne me suffis pas à moi même . Aimer c’est faire de la place à l’autre, l’accueillir tel qu’il est.

         Le philosophe Juif Lévinas a écrit « enrichissons nous des différences de l’autre. » Aimer c’est reconnaître en l’autre des valeurs et des qualités, c’est sortir de soi même pour nous ouvrir à l’autre et aux autres . Aimer véritablement, c’est faire confiance à l’autre, c'est-à-dire mettre sa foi en l’autre. Quel est celui qu'a vécu cet amour  de façon totale et absolue, si non Jésus lui-même. Il est allé jusqu’à  donner sa confiance à Pierre qui l’ avait renié. Jésus par trois fois demande à Pierre « Simon m’aimes-tu. » Et c’est après la réponse de Pierre « tu sais bien Seigneur que je t’aime » que Jésus lui confiera la responsabilité de conduire son peuple. Pierre sera le 1er responsable de l’Eglise.

         Jésus est allé jusqu’à donner sa vie. Il dira sur la croix « Père pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est sûrement la plus grande preuve d’amour, pardonner à ceux qui sont entrain de la faire mourir. Mais si Jésus arrive à aimer ainsi, c’est parce qu’il est aimé infiniment pas son Père ; cet amour est tellement intense, fort et absolu entre le Père et le Fils, entre le Fils et le Père qu’il est la troisième personne de la Trinité, le Saint Esprit, le Dieu d’amour... Jésus nous aime comme son Père nous aime.

         Jean l’apôtre le plus proche de Jésus a résumé l’ensemble de son évangile par trois mots « Dieu est amour. Dieu est un acte infini d’amour. Dieu ne se comprend que par l’amour. Alors nous saisissions mieux que le Dieu dont parlait Jésus, n’avait rien à voir, c’était même à l’opposé des dieux païens, qui passaient leur temps à se réjouir du malheur des hommes, à punir les hommes, à se venger en faisant souffrir les hommes...

         Les deux commandements sont inséparables et indissociables, l’apôtre Jean a écrit « Celui qui dit j’aime Dieu est qui n’aime pas ses frères est un menteur, celui qui n’aime pas son frère qu’il voit est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas.

         François D’Assise a dit à sa façon ce qu’était qu’aimer concrètement :

Là où est la haine, que je mette l’amour
Là où est l’offense, que je mette le pardon
Là où est la discorde , que je mette l’union
Là où est l’erreur , que je mette la vérité
Là où est le doute , que je mette la foi
Là où est le désespoir , que je mette l’espérance
Là où sont les ténèbres , que je mette la lumière
Là où est la tristesse, que je mette la joie