9 mai 2010

5è dimanche de Pâques 

(année C)

 

 

 

          « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père ». La mission de jésus s’achève. Il est sur le point de retourner vers le Père. Dans quelques jours la fête de l’Ascension va nous rappeler le départ de Jésus vers le Père. Nous le savons quand quelqu’un de sa famille, ou ses amis très chers pour un long temps, ou encore quand il vit ses derniers instants, les dernière paroles qu’il prononce ne sont jamais banales, et il fait souvent des recommandations, Il en est de même pour Jésus. Au moment de son départ définitif, il s’adresse à ses disciples et leur dit : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à ma parole ». C’est un appel de Jésus à être fidèle à tout ce qu’il dit, c’est une invitation à lui rester fidèle.

          Mais qu’est ce que veut dire le mot fidèle ? Le dictionnaire nous dit : « celui qui est fidèle manifeste de la constance dans ses relations, il ne varie pas, il ne s’écarte pas de ses engagements ». Dans le langage chrétien, le mot fidèle trouve son origine dans le mot foi. Fidèle, foi, confiance, mettre sa foi dans quelqu’un, se fier à, ce sont des mots qui ont le même sens et la même signification.

          Dans l’Église d’aujourd’hui, une minorité donne un autre sens au mot fidélité. Il s’agit pour eux de rien changer à la tradition, il faut continuer à reproduire à l’infini ce qui se faisait autrefois. C’est cela pour eux la fidélité. Ils n’ont pas entendu la parole de Jésus, ce qui compte ce n’est pas d’appliquer la lettre, mais ce vivre l’esprit. Nous-mêmes, nous tombons dans ce piège quand nous disons de notre temps. Une telle compréhension de la fidélité ne peut qu’aboutir à un immobilisme qui étouffe la vie ,qui empêche la vie. Nous serions alors enfermés dans un carcan, duquel il serait impossible de sortir. C’est la loi, les règlements, les préceptes qui domineraient et non la vie.

          Le première lecture de ce dimanche nous révèle que les premières communautés chrétiennes étaient déjà affrontées à la question de la vraie fidélité. Ces communautés étaient composées de juifs et de païens. Et certains chrétiens qui étaient juifs et qui étaient de la communauté de Jérusalem voulaient à tout prix que les païens qui souhaitaient devenir chrétiens, qu’au nom d’une fidélité mal comprise, ils commencent par observer toutes les lois juives a commencer par la circoncision : « Certaines gens venus de Judée voulaient endoctriner les frères d’Antioche en leur disant, si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. Bien sûr une telle affirmation ne pouvait qu’entraîner un conflit à l’intérieur de la communauté. Comment peut-on imaginer que le refus d’accepter un précepte de la loi puisse empêcher d’être sauvé. Est-cela vivre la fidélité à la parole de Jésus ? Jamais Jésus n’a dit cela. Cela provoque une forte tension. Comme on ‘arrive pas visiblement à se mettre d’accord, la communauté décide d’envoyer une délégation à Jérusalem auprès de la première communauté chrétienne. Cette délégation composée de quelques frères a comme responsables Paul et Barnabé. Ces derniers, eux prétendaient qu’il ne fallait pas imposer aux païens toutes les prescriptions de la loi juive pour qu’ils soient baptisés et qu’ils deviennent disciples du Christ.

          Cet épisode très concret vécu dans les premières communautés chrétiennes nous démontre que les apôtres qui étaient tous juifs, ont compris que la vraie fidélité à Jésus leur demandait de dépasser certaines prescriptions, lois, règlements, certaines de leurs certitudes les mieux ancrées en eux, et ainsi dépasser la loi juive. Ils commencent par se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint, cet Esprit qui va les conduire vers la vérité tout entière... Nous pouvons penser par exemple que si l’Église dans son histoire avait résisté à l’Esprit, nous serions encore aujourd’hui obligés de respecter toute la loi juive, circoncision, ne pas manger de sang ou de la viande non saignée.

          Nous découvrons ainsi à, partir de cet événement des premières communautés chrétiennes, que la fidélité n’est pas une fixation sur la passé, une répétition servile et sans aucune réflexion sur les choses anciennes. Pour Jésus la fidélité, c’est la fidélité à sa parole et à l’amour que nous lui donnons. L’amour est confiance, l’amour est alliance, l’amour est don, mais il est aussi toujours à construire, à inventer chaque jour. La fidélité est en même temps créatrice. Cette créativité est source de vie. Cette vie se déplace  dans la lumière de la parole de Dieu. Cette parole nous rejoint dans les différentes circonstances de notre vie. Durant toute notre existence, nous seront toujours en chemin. C’est bien à nous d’inventer, avec la lumière de l’Esprit et de l’Eglise, notre manière personnelle et communautaire d’être fidèle à Jésus.

Devant la tentation de revenir en arrière, n’ayons pas peur d’avancer au large

          Durant cette Eucharistie, invoquons l’Esprit-Saint, c’est la promesse que Jésus a fait à ses Apôtres : « Le défenseur, l’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, il vous fera vous souvenir de tout ce que je vous ai dit : « Avec l’aide de l’Esprit, nous pouvons rester fidèles au Christ Jésus.